2020, acrylique sur toile de lin, 105 x 137 cm
Penchée au-dessus de la terre, ses cheveux locksés retombent au sol tels un orpin de morgane. Elle voudrait se relever, bomber le torse et déployer ses poumons. Mais elle est si pesante. Elle s’enracine. Et c’est face contre terre qu’elle étouffe. Le monde est son territoire, la société est son terrarium.
Ce projet est, à son sens global, une réponse à l’oppression perpétuelle des peuples noirs et à son impact dévastateur systématique sur les personnes afrodescendantes. Il soulève la question d’un poids invisible, celui qui incite souvent à se construire dans l’ombre.
Notamment par le portrait, je m’intéresse à la relation de l’humain avec son propre corps et aux facteurs d’influence de cette perception à travers l’histoire. Plus spécifiquement, mon travail est une réponse à l’invisibilisation de la femme noire dans l’histoire, incluant l’histoire de l’art. D’origine sénégalaise et québécoise, je puise dans ces deux cultures afin de créer un espace identitaire qui m’est propre tout en ayant une résonance collective. Je travaille beaucoup à partir de textes de moi-même ou d’auteurs·trices pour créer des micro-univers d’intimité partagée avec la spectatrice et le spectateur. Les contes et légendes, la culture populaire et les arts visuels sont pour moi des véhicules puissants pour changer les paradigmes. À travers ces notions, ma pratique s’inscrit dans un désir de redéfinir certains concepts et de permettre à toutes et à tous de se sentir aimé·e·s et représenté·e·s.
—Marie-Danielle Duval